Carte postale d’été

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Le temps des vacances, un temps pour changer de tempo ?

La course à l’optimisation génère une agitation qui colonise nos existences. Faire plus avec moins, c’est le plus souvent produire plus en allant toujours plus vite. Peu importe si ce qui était important et urgent ne l’est plus au bout de trois semaines, que le travail réalisé est abandonné, et qu’il faut se précipiter sur une nouvelle mission prioritaire à laquelle il est nécessaire de se vouer corps et âme jusqu’à la prochaine. S’affairer pour conjurer l’absence de vision, et pour compenser le manque de sens dans nos existences. Tout le monde court, et tant qu’on court, on ne se demande pas pourquoi on court.

Interdit de contempler sous peine d’accusation de fainéantise, « nous, on est des battants». De temps en temps à force de faire 36 choses en même temps, on finit par voir 36 chandelles. Dommage collatéral.

Et si nous ralentissions un petit peu le rythme, pas seulement en vacances ? Peut être pourrions nous rencontrer une dimension ignorée de nous même ? Peut être pourrions nous mettre davantage de discernement dans nos actions ?

Lorsque que nous regardons une image défiler rapidement, les éléments deviennent indistincts. A contrario, les magnifiques vidéos de slow motion » nous permettent de capter plus complètement le mouvement d’une goutte et de son impact à la surface de l’eau. Nous en avons ainsi une expérience esthétique, sensible, plus intense.

Passer en coup de vent, c’est passer à côté de l’essentiel qui ne peut se percevoir que lorsqu’on regarde vraiment et que nous prenons le temps de ressentir ce qui se passe.

On constate depuis quelques années un essor des pratiques orientales ancestrales pour conjurer notre stress d’occidental moderne surmené. Authentique chemin vers le lâcher prise ou signes extérieurs de maîtrise de soi au service du marketing de soi ? Il est très tendance de faire du Yoga, comme pour Woody Allen d’avoir un psy. Vous promenant dans un parc, vous apercevez un groupe d’extra-terrestres au ralenti faire du tai chi ou du chi cong. Autre option : Avoir une tête de bouddha dans le jardin. Dans tous les cas, le ton est donné : attention , ici, zénitude. Mais sitôt le cours terminé, retour au pas de course à notre vie cadencée, on n’a pas que ça à faire.

Et si nous changions de tempo dans nos actions quotidiennes, et non à la marge de nos existences ? Il est possible d’agir autrement et efficacement, comme un maître d’Aikido, avec une économie de gestes et sans aucune agitation surajoutée.

Ralentir nous ramène à notre fertilité intérieure. Ralentir nous permet de développer notre présence, alliance d’une position d’observateur et d’une reconnexion à nos consciences sensorielles, dans laquelle nous sommes réceptif et ouvert, sans attentes crispées. Rester détendu pour épouser le relief et surfer sans s’épuiser à des actions stériles.

Ralentir pour récupérer, comme une mise en jachère de nous-même pour régénérer notre énergie, entretenir notre souffle, notre élan créateur, et nous apaiser.

Ralentir pour aller au contact de soi, explorer nos ressentis, alors que nous répondons aux sollicitations continues de notre entourage personnel et professionnel, pour féconder le terreau de nos relations.

Ralentir pour aller au contact de l’environnement dans la situation, activer notre intelligence spatio temporelle qui permet de poser des actions ajustées sans disperser notre énergie. C’est simplement ne plus marcher sur la tête, à côté de nos pompes, mais être vraiment là pour soi et pour les autres, avec nos contradictions et notre diversité, et construire ensemble un monde qui a de l’avenir.

Ralentir pour conserver une boussole dans la complexité de notre monde, pour éclairer la route, se placer et se déplacer, et s’ajuster aux autres et à l’environnement avec créativité et sans violence.

 

Cet article est écrit par Hélène Verdier, executive coach Erudia

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